Ton père errant. Lettres de Paul Valery à sa fille Agathe.
VALERY Paul.

Ton père errant. Lettres de Paul Valery à sa fille Agathe.

Fata Morgana
Prix régulier €25,00 €0,00 Prix unitaire par
N° d'inventaire 24047
Format 17 x 24
Détails 208 p., broché.
Publication Saint-Clément de Rivière, 2020
Etat Neuf
ISBN 9782377920891
Je lis pour remplir un temps sans gaieté, les magnifiques drames de Don Pedro Calderon de la Barca. Cela vaut Shakespeare. Il est vrai que pour toi tous ces inconnus sont égaux. Je t’engage à travailler. Tu n’es pas sans en avoir besoin. N’attends pas que le besoin se fasse sentir. Tu fais des fautes qui commencent à être assez ridicules. Je vois dans ta lettre qu’une conversation n’est pas ininterréssante – et que tu es inviter chez Simonne. Renonçons à ces petites ordures grammaticales.

J’espère surtout que Mr Co, une fois habillé, ne voudra pas que son cerveau soit moins bien doté que son derrière. Soyez chics, très bien, mais de toutes parts. Il y en a qui ont les pieds propres et les idées vaseuses. Je préfère l’inverse. Et je désire encore plus que tout soit net, intus et extra. Je l’engage à se méfier de l’histoire et à se tenir au courant de ce côté pour ne pas avoir à tout avaler en fin d’année. Qu’il se munisse aussi en littérature. Je regrette que pendant ces vacances il n’ait pas pu se donner à la pratique pure et simple du calcul des logarithmes et des sinus – C’était une machine acquise et il n’y avait plus à y penser.


Désormais conservée au Musée Paul Valéry de Sète, cette myriade de lettres entre un père et sa fille dévoile un Valéry assoiffé d’affection et rongé d’inquiétudes («Angoisse, mon véritable métier», notait-il en 1910). Avec Agathe, née en 1906 et future gardienne de son œuvre, il partage une tendresse exacerbée qui, sans jamais tarir, demeurera au cœur de sa vie d’écrivain. Du foyer familial, creuset littéraire et artistique, à son mariage avec Paul Rouart, petit-fils d’Henri Rouart, Agathe n’a cessé de recevoir de son père les témoignages d’un amour inaltérable. Une correspondance rare où la sensibilité se drape parfois d’un humour grinçant qui, sans nul doute, viendra bousculer la réputation de “froide rigueur” qui colle à la peau de ce penseur majeur du vingtième siècle.
Je lis pour remplir un temps sans gaieté, les magnifiques drames de Don Pedro Calderon de la Barca. Cela vaut Shakespeare. Il est vrai que pour toi tous ces inconnus sont égaux. Je t’engage à travailler. Tu n’es pas sans en avoir besoin. N’attends pas que le besoin se fasse sentir. Tu fais des fautes qui commencent à être assez ridicules. Je vois dans ta lettre qu’une conversation n’est pas ininterréssante – et que tu es inviter chez Simonne. Renonçons à ces petites ordures grammaticales.

J’espère surtout que Mr Co, une fois habillé, ne voudra pas que son cerveau soit moins bien doté que son derrière. Soyez chics, très bien, mais de toutes parts. Il y en a qui ont les pieds propres et les idées vaseuses. Je préfère l’inverse. Et je désire encore plus que tout soit net, intus et extra. Je l’engage à se méfier de l’histoire et à se tenir au courant de ce côté pour ne pas avoir à tout avaler en fin d’année. Qu’il se munisse aussi en littérature. Je regrette que pendant ces vacances il n’ait pas pu se donner à la pratique pure et simple du calcul des logarithmes et des sinus – C’était une machine acquise et il n’y avait plus à y penser.


Désormais conservée au Musée Paul Valéry de Sète, cette myriade de lettres entre un père et sa fille dévoile un Valéry assoiffé d’affection et rongé d’inquiétudes («Angoisse, mon véritable métier», notait-il en 1910). Avec Agathe, née en 1906 et future gardienne de son œuvre, il partage une tendresse exacerbée qui, sans jamais tarir, demeurera au cœur de sa vie d’écrivain. Du foyer familial, creuset littéraire et artistique, à son mariage avec Paul Rouart, petit-fils d’Henri Rouart, Agathe n’a cessé de recevoir de son père les témoignages d’un amour inaltérable. Une correspondance rare où la sensibilité se drape parfois d’un humour grinçant qui, sans nul doute, viendra bousculer la réputation de “froide rigueur” qui colle à la peau de ce penseur majeur du vingtième siècle.