Engagé dans les luttes sociales de son temps et proche des idéaux communistes qui dénoncent la mainmise du capital dans tous les secteurs de la vie, l’artiste belge Frans Masereel (1889-1972) effectue en 1935 et 1936 deux voyages en Union soviétique, histoire de voir si à l’Est il y a bien du nouveau.
Cet ouvrage retrace, à partir de documents rares et de sources puisées dans les archives russes, les tribulations d’un ami du peuple.
Né à Blankenberghe en 1889, Frans Masereel sèche rapidement les cours des beaux-arts de Gand pour mieux approfondir les mystères de la ville en compagnie de l’aquafortiste Jules De Bruycker. En 1911, il part s’installer à Paris, publie ses dessins dans la presse (Les Hommes du jour, Le Rire) par l’entremise du journaliste Henri Guilbeaux et s’initie à la gravure sur bois auprès d’un marchand de fournitures de beaux-arts. Passé en Suisse en 1915 pour faire oeuvre utile auprès du Comité international de la Croix-Rouge, Masereel fait la connaissance d’écrivains pacifistes (René Arcos, Pierre Jean Jouve, Romain Rolland, Stefan Zweig). Si la guerre ne peut justifier à elle seule l’existence des militaires en les supprimant, Masereel se propose d’en graver les désastres dans la presse pacifiste (Demain, Les Tablettes, La Feuille) et dans ses deux premières suites gravées Debout les morts et Les Morts parlent, publiées en 1917. L’année suivante, il fait paraître 25 Images de la passion d’un homme, un récit en images sans paroles composé de bois gravés sur la thématique de la lutte des classes. Encouragé par les écrivains de la Mitteleuropa à creuser ce sillon, il entreprend pendant l’entre-deux-guerres – parallèlement à son activité d’illustrateur et d’éditeur pour le Sablier – une série de romans xylographiques que nous pouvons « lire » aujourd’hui comme un constat sans concession d’une société malade, ivre de progrès et de profits. Frans Masereel rend l’âme et
ses gouges à Nice en 1972.