Mais il faut pourtant que je travaille. Journal, articles, souvenirs.
KOLLWITZ Käthe.

Mais il faut pourtant que je travaille. Journal, articles, souvenirs.

Prix régulier €35,00 €0,00 Prix unitaire par
N° d'inventaire 21996
Format 21 x 25
Détails 525 p., broché à rabats.
Publication Paris, 2019
Etat Neuf
ISBN 9791092444841

Les témoignages des proches de Käthe Kollwitz font tous état de son laconisme. Ses œuvres, au contraire, parlent à voix haute, elles sont criantes ; elles revendiquent, dénoncent et déplorent. On pourrait tout à fait s’accommoder d’une telle discrépance entre le silence de la personne privée et la force expressive de son art, si ce déséquilibre, qui relève moins d’un état de fait que d’une méconnaissance critique, n’avait porté à majorer le réel et puissant contenu politique de son œuvre et à figer Kollwitz dans l’image d’une artiste engagée bien de son temps, avec les conséquences que l’on peut imaginer et vérifier, notamment en France, pour la réception (ou plutôt la non-réception) de son travail. C’est en vue de combler ce retard que L’Atelier contemporain, après la publication en 2018 d’une première édition considérablement abrégée du Journal (qui fut aussi le premier ouvrage de Kollwitz traduit en France), en propose cette fois le texte intégral. Dans ce Journal entamé en 1908, alors que Kollwitz est âgée de 41 ans, et tenu jusqu’à ce que son âge ne l’en empêche, en 1943, on découvre en effet une personnalité dont l’indéniable engagement dans son époque est à la fois plus profond et plus fluctuant que ce que l’on pourrait imaginer. Plus profond, au sens où il s’enracine dans sa généalogie (une famille fortement marquée par l’évangélisme social et le marxisme) et dans sa vie la plus quotidienne (son mari médecin se consacre corps et âme à sa patientèle ouvrière). Plus fluctuant, parce qu’il se fonde justement, non sur une conviction intellectuelle inflexible, mais sur un rapport largement affectif aux événements qui se déchaînent autour d’elles. De sorte que qualifier Kollwitz de marxiste, de socialiste, ou seulement de pacifiste, relève d’une simplification qui nous rend aveugle à l’extrême complexité qui marque son époque, son propre rapport au monde, et donc son travail : « On ne peut tout de même pas attendre d’un artiste, et qui plus est d’une femme, de s’y retrouver dans l’extrême complexité de la situation actuelle  note-t-elle ainsi en 1920. Le Journal constitue ainsi un document d’autant plus important pour la compréhension de son œuvre et de son temps, qu’il nous révèle une femme qui ne se conçoit pas moins comme un être privé que comme un animal politique et qui affronte toute turbulence conjointement dans ces deux domaines. L’attention de Kollwitz est largement polarisée par sa vie familiale et intérieure ; et à côté des observations sur la vie publique, intellectuelle, culturelle, artistique de l’Allemagne de la première moitié du XXe siècle, le Journal recueille nombre de notations extrêmement personnelles sur ses relations avec ses proches, sur ses voyages, ainsi que sur le face-à-face avec son travail, ses angoisses et ses phases de dépression. La mort de son fils Hans au front dès le déclenchement de la première guerre mondiale, source d’une hantise qui trouvera seulement à s’exprimer en 1932, dans la sculpture des Parents endeuillés, offre de ce point de vue un des fils rouges de ce document, et la clef de compréhension d’un drame qui est tout autant celui de l’Europe que de son art et de sa vie intime. Voilà donc un ouvrage qui introduira le lecteur à une vision d’emblée complexe d’une des grandes artistes allemandes du siècle dernier. Outre le journal lui-même, il comprend un ensemble de textes relevant de l’essai ou de l’autobiographie, 96 illustrations présentant un panorama de son œuvre, ainsi qu’une centaine d’autres documents photographiques concernant sa vie.

Les témoignages des proches de Käthe Kollwitz font tous état de son laconisme. Ses œuvres, au contraire, parlent à voix haute, elles sont criantes ; elles revendiquent, dénoncent et déplorent. On pourrait tout à fait s’accommoder d’une telle discrépance entre le silence de la personne privée et la force expressive de son art, si ce déséquilibre, qui relève moins d’un état de fait que d’une méconnaissance critique, n’avait porté à majorer le réel et puissant contenu politique de son œuvre et à figer Kollwitz dans l’image d’une artiste engagée bien de son temps, avec les conséquences que l’on peut imaginer et vérifier, notamment en France, pour la réception (ou plutôt la non-réception) de son travail. C’est en vue de combler ce retard que L’Atelier contemporain, après la publication en 2018 d’une première édition considérablement abrégée du Journal (qui fut aussi le premier ouvrage de Kollwitz traduit en France), en propose cette fois le texte intégral. Dans ce Journal entamé en 1908, alors que Kollwitz est âgée de 41 ans, et tenu jusqu’à ce que son âge ne l’en empêche, en 1943, on découvre en effet une personnalité dont l’indéniable engagement dans son époque est à la fois plus profond et plus fluctuant que ce que l’on pourrait imaginer. Plus profond, au sens où il s’enracine dans sa généalogie (une famille fortement marquée par l’évangélisme social et le marxisme) et dans sa vie la plus quotidienne (son mari médecin se consacre corps et âme à sa patientèle ouvrière). Plus fluctuant, parce qu’il se fonde justement, non sur une conviction intellectuelle inflexible, mais sur un rapport largement affectif aux événements qui se déchaînent autour d’elles. De sorte que qualifier Kollwitz de marxiste, de socialiste, ou seulement de pacifiste, relève d’une simplification qui nous rend aveugle à l’extrême complexité qui marque son époque, son propre rapport au monde, et donc son travail : « On ne peut tout de même pas attendre d’un artiste, et qui plus est d’une femme, de s’y retrouver dans l’extrême complexité de la situation actuelle  note-t-elle ainsi en 1920. Le Journal constitue ainsi un document d’autant plus important pour la compréhension de son œuvre et de son temps, qu’il nous révèle une femme qui ne se conçoit pas moins comme un être privé que comme un animal politique et qui affronte toute turbulence conjointement dans ces deux domaines. L’attention de Kollwitz est largement polarisée par sa vie familiale et intérieure ; et à côté des observations sur la vie publique, intellectuelle, culturelle, artistique de l’Allemagne de la première moitié du XXe siècle, le Journal recueille nombre de notations extrêmement personnelles sur ses relations avec ses proches, sur ses voyages, ainsi que sur le face-à-face avec son travail, ses angoisses et ses phases de dépression. La mort de son fils Hans au front dès le déclenchement de la première guerre mondiale, source d’une hantise qui trouvera seulement à s’exprimer en 1932, dans la sculpture des Parents endeuillés, offre de ce point de vue un des fils rouges de ce document, et la clef de compréhension d’un drame qui est tout autant celui de l’Europe que de son art et de sa vie intime. Voilà donc un ouvrage qui introduira le lecteur à une vision d’emblée complexe d’une des grandes artistes allemandes du siècle dernier. Outre le journal lui-même, il comprend un ensemble de textes relevant de l’essai ou de l’autobiographie, 96 illustrations présentant un panorama de son œuvre, ainsi qu’une centaine d’autres documents photographiques concernant sa vie.