Lexique et Diagramme: Traité de peinture tome II.
La Part de l'Oeil.N° d'inventaire | 30035 |
Format | 21 x 25 |
Détails | 264 p., broché. |
Publication | Bruxelles, 2023 |
Etat | Neuf |
ISBN | 9782930174594 |
Collection Dyptique.
Régulièrement exposée, l'oeuvre de Christian Bonnefoi compte au nombre des figures marquantes de l'art contemporain en France. Lexique et Diagramme constitue le second tome du Traité de peinture dont le premier volume est paru en avril 2023. L’œuvre de Bonnefoi s’est élaborée patiemment depuis les années 1970 dans une reprise de la question du tableau et du pictural dont il s’est efforcé de repenser à nouveau frais les fondements. Comme l’écrit le philosophe Michel Guérin dans la préface au premier tome du Traité de peinture : « Plus que le motif, le moteur de l’écriture de Christian Bonnefoi c’est la construction d’un concept du tableau, dont la fin n’est pas de se substituer finalement au tableau réel mais d’en partager l’incertaine condition ».
Ce précepte vaut du même coup pour la langue où « le mot qui va prendre en relais la pointe la plus avancée de la peinture ne s’en détache pas pour autant entièrement ; il en conserve la coloration qui est sa façon à elle, la peinture, d’exister au-delà de son lieu, c’est-à-dire dans la langue ». La correspondance épistolaire (avec Jean Louis Schefer, Gilles Hanus, Pascal Bacquè, Norbert Hillaire, Michel Guérin ou Dina Germanos Besson) s’invite dès lors elle aussi dans l’élaboration des notions, qui convoquent pêle-mêle l’événement biographique, l’instance de la critique historique, la rêverie, la recommandation adressée au peintre, ou encore la description fine de ses opérations.
« Dans le Lexique, [les mots] s’agitent à la façon des puces dans les poils du chien et sautent de-ci de-là, parfois bonds immenses, parfois d’un poil à l’autre. Ils tissent alors des fraternités étranges que Lucrèce trouvait condamnables parce qu’elles produisent des monstres comme dans les images où une tête humaine vient à se souder à un corps de taureau. Varron plongea sa vie dans cette marmite grouillante et instable et, malgré le soin qu’il prit à rationaliser en introduisant des règlements exportés de la grammaire, rien n’y fit ; ceci sautait à cela.
Le Lexique que je propose est donc de cette espèce : il fait cause commune au mouvement des images et peut, modeste, s’attarder sur un détail ou, vaniteux, aller au-devant des plus grandes monstruosités, tout comme Lucrèce qui, tout en disant « cela ne se peut », laisse aller son imagination à des combinaisons de corps ou de végétaux qui n’auraient pas déplu à Ovide. » (Christian Bonnefoi)
Collection Dyptique.
Régulièrement exposée, l'oeuvre de Christian Bonnefoi compte au nombre des figures marquantes de l'art contemporain en France. Lexique et Diagramme constitue le second tome du Traité de peinture dont le premier volume est paru en avril 2023. L’œuvre de Bonnefoi s’est élaborée patiemment depuis les années 1970 dans une reprise de la question du tableau et du pictural dont il s’est efforcé de repenser à nouveau frais les fondements. Comme l’écrit le philosophe Michel Guérin dans la préface au premier tome du Traité de peinture : « Plus que le motif, le moteur de l’écriture de Christian Bonnefoi c’est la construction d’un concept du tableau, dont la fin n’est pas de se substituer finalement au tableau réel mais d’en partager l’incertaine condition ».
Ce précepte vaut du même coup pour la langue où « le mot qui va prendre en relais la pointe la plus avancée de la peinture ne s’en détache pas pour autant entièrement ; il en conserve la coloration qui est sa façon à elle, la peinture, d’exister au-delà de son lieu, c’est-à-dire dans la langue ». La correspondance épistolaire (avec Jean Louis Schefer, Gilles Hanus, Pascal Bacquè, Norbert Hillaire, Michel Guérin ou Dina Germanos Besson) s’invite dès lors elle aussi dans l’élaboration des notions, qui convoquent pêle-mêle l’événement biographique, l’instance de la critique historique, la rêverie, la recommandation adressée au peintre, ou encore la description fine de ses opérations.
« Dans le Lexique, [les mots] s’agitent à la façon des puces dans les poils du chien et sautent de-ci de-là, parfois bonds immenses, parfois d’un poil à l’autre. Ils tissent alors des fraternités étranges que Lucrèce trouvait condamnables parce qu’elles produisent des monstres comme dans les images où une tête humaine vient à se souder à un corps de taureau. Varron plongea sa vie dans cette marmite grouillante et instable et, malgré le soin qu’il prit à rationaliser en introduisant des règlements exportés de la grammaire, rien n’y fit ; ceci sautait à cela.
Le Lexique que je propose est donc de cette espèce : il fait cause commune au mouvement des images et peut, modeste, s’attarder sur un détail ou, vaniteux, aller au-devant des plus grandes monstruosités, tout comme Lucrèce qui, tout en disant « cela ne se peut », laisse aller son imagination à des combinaisons de corps ou de végétaux qui n’auraient pas déplu à Ovide. » (Christian Bonnefoi)