La peinture de Munch occupe une place singulière dans la modernité artistique, plongeant ses racines dans le XIXe siècle pour s’inscrire pleinement dans le suivant. Sa production tout entière, des années 1880 à sa mort, fut, en effet, innervée par une vision du monde marquée par une puissante dimension symboliste. Plutôt que d’opposer un symbolisme fin de siècle à un expressionnisme qui ancrerait Munch dans la scène moderne, le catalogue, sous la direction de Claire Bernardi, propose une lecture globale de son travail mettant en avant sa grande cohérence.
La notion de cycle est en cela essentielle pour la compréhension de sa peinture. Fasciné par le concept de métabolisme, Munch exprime en effet fréquemment l’idée que l’humanité et la nature sont inexorablement unies dans le cycle de la vie, de la mort et de la renaissance. Elle participe aussi de la construction même de ses toiles, et permet de mettre au jour un processus créatif singulier, qui le conduit à réaliser de nombreuses déclinaisons d’un même motif. Il multiplie les versions d’un même sujet, passant sans rupture d’un médium à un autre. Nous sommes donc invités à revoir dans son ensemble un œuvre à la fois foncièrement cohérent, voire obsessionnel, et en même temps constamment renouvelé au sens propre.