Gradhiva 25/2017. Gottfried Semper, habiter la couleur.

Gradhiva 25/2017. Gottfried Semper, habiter la couleur.

Musée Quai Branly
Prix régulier €20,00 €0,00 Prix unitaire par
N° d'inventaire 20805
Format 20 x 27
Détails 270 p., nombreuses illustrations, broché.
Publication Paris, 2017
Etat Neuf
ISBN

L’architecte allemand Gottfried Semper (1803-1879), qui construisit l’opéra de Dresde, le Polytechnikum de Zurich et le Burgtheater de Vienne découvrit à partir de 1826 à Paris les collections naturalistes du Jardin des Plantes. Il s’intéressa alors au rapport entre formes végétales et minérales et ornements architecturaux, devenant un fervent défenseur de la « thèse de la polychromie . Il se rendit en Italie puis en Grèce, où il exa­mina trois ans durant (1830-1833) les temples et édifices an­tiques à la recherche de vestiges de couleur. Dès ses premiers écrits, il bouscula les hiérarchies admises entre architecture et décor, support et revêtement, forme et ornement, et promut une pensée du matériau qui n’était pas l’antithèse mais le cor­rélat paradoxal d’une pensée de l’immatérialité de la couleur. Pour Semper, l’existence d’une polychromie de l’architecture et la sculpture antiques fondait une réinterprétation profondé­ment neuve des fonctions de l’architecture, qui engageait une anthropologie des constructions humaines, de leurs formes et de leurs techniques. En 1834, Semper retourna en Allemagne où il devint directeur de l’Ecole d’architecture et mena une carrière brillante, brutalement interrompue par la révolution de 1849, à laquelle il prit une part active aux côtés de son ami Richard Wagner ; il conçut à cette occasion un modèle de barricades demeuré fameux. Ses convictions républicaines l’entraînèrent sur la voie de l’exil. Il se réfugia à Paris puis s’installa à Londres. Ce séjour en Angleterre marqua un tournant dans sa théorie : en approfondissant sa connaissance des « arts industriels , il en vint à déceler en eux la matrice des arts monumentaux et des « beaux-arts . Sa réflexion sur la polychromie entra alors dans une nouvelle phase : le primat historique des textiles suspen­dus, notamment des tapis utilisés comme cloisons temporaires dans les habitats mobiles des nomades devint la clé de la poly­chromie architecturale ; les peintures murales et autres décors de revêtement en couleur portaient dans leurs formes et leur agencement la mémoire de cette origine textile. Cette décou­verte décisive est exposée dans les deux volumes du Style (Der Stil), le texte majeur de Semper (1860 et 1863). Le premier, L’Art textile, étudie les rapports entre décor ornemental et structure du bâti dans différentes cultures et plusieurs époques : « Nou­velle Zélande et Polynésie ; Chine ; Inde ; Mésopotamie ; Phéni­cie et Judée ; Egypte. Ancien et Nouvel Empire ; Asie Mineure ; Grèce ; Grèce ; Rome ; Epoque chrétienne en Occident, en Orient ; Renaissance . Cette expansion de l’espace de référence de l’histoire de l’architecture a fait dire de Semper qu’il fut un des premiers hérauts des « arts primitifs . Ce numéro de Gradhiva entend cerner les apports de Semper à une anthropologie de l’architecture et de l’habitat, et amorcer une lecture nouvelle de Der Stil, dont nous livrons des extraits inédits de la première tra­duction française, actuellement en préparation.

L’architecte allemand Gottfried Semper (1803-1879), qui construisit l’opéra de Dresde, le Polytechnikum de Zurich et le Burgtheater de Vienne découvrit à partir de 1826 à Paris les collections naturalistes du Jardin des Plantes. Il s’intéressa alors au rapport entre formes végétales et minérales et ornements architecturaux, devenant un fervent défenseur de la « thèse de la polychromie . Il se rendit en Italie puis en Grèce, où il exa­mina trois ans durant (1830-1833) les temples et édifices an­tiques à la recherche de vestiges de couleur. Dès ses premiers écrits, il bouscula les hiérarchies admises entre architecture et décor, support et revêtement, forme et ornement, et promut une pensée du matériau qui n’était pas l’antithèse mais le cor­rélat paradoxal d’une pensée de l’immatérialité de la couleur. Pour Semper, l’existence d’une polychromie de l’architecture et la sculpture antiques fondait une réinterprétation profondé­ment neuve des fonctions de l’architecture, qui engageait une anthropologie des constructions humaines, de leurs formes et de leurs techniques. En 1834, Semper retourna en Allemagne où il devint directeur de l’Ecole d’architecture et mena une carrière brillante, brutalement interrompue par la révolution de 1849, à laquelle il prit une part active aux côtés de son ami Richard Wagner ; il conçut à cette occasion un modèle de barricades demeuré fameux. Ses convictions républicaines l’entraînèrent sur la voie de l’exil. Il se réfugia à Paris puis s’installa à Londres. Ce séjour en Angleterre marqua un tournant dans sa théorie : en approfondissant sa connaissance des « arts industriels , il en vint à déceler en eux la matrice des arts monumentaux et des « beaux-arts . Sa réflexion sur la polychromie entra alors dans une nouvelle phase : le primat historique des textiles suspen­dus, notamment des tapis utilisés comme cloisons temporaires dans les habitats mobiles des nomades devint la clé de la poly­chromie architecturale ; les peintures murales et autres décors de revêtement en couleur portaient dans leurs formes et leur agencement la mémoire de cette origine textile. Cette décou­verte décisive est exposée dans les deux volumes du Style (Der Stil), le texte majeur de Semper (1860 et 1863). Le premier, L’Art textile, étudie les rapports entre décor ornemental et structure du bâti dans différentes cultures et plusieurs époques : « Nou­velle Zélande et Polynésie ; Chine ; Inde ; Mésopotamie ; Phéni­cie et Judée ; Egypte. Ancien et Nouvel Empire ; Asie Mineure ; Grèce ; Grèce ; Rome ; Epoque chrétienne en Occident, en Orient ; Renaissance . Cette expansion de l’espace de référence de l’histoire de l’architecture a fait dire de Semper qu’il fut un des premiers hérauts des « arts primitifs . Ce numéro de Gradhiva entend cerner les apports de Semper à une anthropologie de l’architecture et de l’habitat, et amorcer une lecture nouvelle de Der Stil, dont nous livrons des extraits inédits de la première tra­duction française, actuellement en préparation.