Reliefs n°7: Rivages.
CHABAUD Catherine.

Reliefs n°7: Rivages.

Rivages
Prix régulier €19,90 €0,00 Prix unitaire par
N° d'inventaire 28312
Format 18 x 24
Détails 184 p., illustré, broché.
Publication Paris, 2023
Etat Neuf
ISBN 9782380361162

Je connus le plaisir de l’harmonie en mer, plaisir simple, d’un bateau bien réglé, un lever ou un coucher de soleil, le saut d’un dauphin ou le vol d’un albatros. Une harmonie qui se dessine aussi dans les paysages littoraux : un relief qui ancre et rassure, une étendue sans fin qui invite à la contemplation. Une harmonie souvent ruinée par un littoral bétonné ou l’observation quotidienne de macro-déchets, dont on sait aujourd’hui qu’ils proviennent à 80 % de la terre et qui sont à l’origine de mes engagements.

L’harmonie : c’est l’une des principales leçons que j’ai apprises dans ces grands espaces parfois (très) agités. La seconde leçon – apprise aussi de mes erreurs – se résume par : on ne lutte pas contre les éléments, on compose avec. Cela suppose de prendre le temps d’apprendre et de comprendre, et d’adapter sa manière de naviguer à la situation contre laquelle on ne peut lutter.

Ces deux leçons sont aujourd’hui pour moi fondamentales dans notre relation avec la nature. Elles me paraissent aussi essentielles pour apporter les bonnes réponses aux questions posées par la superposition des pressions qui s’exercent sur le littoral. Car c’est en partie là que se joue le destin de l’humanité. Dans cet espace aux contours beaucoup plus flous que ne l’évoquent ses multiples appellations de « bande côtière », de « cordon littoral » ou encore de « façade maritime » ou de « trait de côte ». Un vocabulaire de terrien (et il est bon de regarder « la terre depuis la mer » comme le propose Christian Buchet), qui se rassure dans la délimitation tangible d’une nature pourtant en perpétuel mouvement.

Pour comprendre le lien terre-mer et tous les enjeux qui y sont liés, il faut s’extraire de cette représentation physique immuable et figée et se représenter cette zone comme un organe vivant, avec de grandes artères – les bassins versants – et leurs ramifications, allant du sommet de la montagne à la haute mer ; un organe modelé par trois dynamiques différentes qui interagissent : celles de la terre, des cours d’eau et de la mer et celle de l’atmosphère.

Il faut remonter le temps avec Gilles Boeuf, et revivre les évolutions qui ont eu lieu sur le littoral, le modelant comme il nous apparaît aujourd’hui ; le biologiste parle de « théâtre d’une révolution biologique sans précédent » et rappelle que le milieu marin du littoral doit sa diversité biologique à ce que la terre lui procure. C’est une information bien plus capitale qu’il n’y paraît, car là encore tout est question d’harmonie : oui, la mer a besoin des nutriments de la terre charriés par le ruissellement des eaux, mais dans un équilibre de funambule. J’aime ici rappeler l’expérience réussie – autour de la ria d’Étel dans le Morbihan – de sensibilisation des agriculteurs qui, grâce au dialogue avec les pêcheurs et les conchyliculteurs – CAP2000 –, ont modifié leurs pratiques agricoles. L’agent du dialogue s’appelait Pierre Mollo, un spécialiste du plancton qui était finalement là pour émouvoir. Pierrot baladait ses éprouvettes à plancton et son microscope « du bout du quai au bout du champ » et dévoilait l’infiniment petit. Sous son microscope, la motte de terre comme la goutte d’eau grouillait de vie. C’est à lui que je dois d’avoir compris la relation terre-mer.

Comprendre une fois pour toute que terre et mer sont liées dans une communauté de destin et que l’homme, qui fait partie de cet écosystème dynamique, doit composer avec, surtout s’il envisage – comme l’évoquent les chiffres de la démographie littorale – d’y étendre plus encore son implantation. Composer avec, c’est notamment accepter l’immersion là où elle est irréversible et ne pas vouloir systématiquement ériger des digues. Pour s’en persuader, lire les prévisions d’Anny Cazenave sur l’élévation du niveau des mers.

Pour retrouver l’harmonie, Il faut remettre la connaissance et la bonne santé des écosystèmes marins et côtiers au cœur de la « littoralisation des sociétés » évoquée par Magali Reghezza-Zitt, changer de paradigmes et regarder les infrastructures maritimes comme des lieux où l’on peut remettre de la biodiversité. Il est également nécessaire de promouvoir la synergie entre tous les acteurs dont l’avenir est lié à la mer, plus encore que la simple conciliation des usages. Et peut-être faire de l’océan un bien commun de l’humanité…

Je connus le plaisir de l’harmonie en mer, plaisir simple, d’un bateau bien réglé, un lever ou un coucher de soleil, le saut d’un dauphin ou le vol d’un albatros. Une harmonie qui se dessine aussi dans les paysages littoraux : un relief qui ancre et rassure, une étendue sans fin qui invite à la contemplation. Une harmonie souvent ruinée par un littoral bétonné ou l’observation quotidienne de macro-déchets, dont on sait aujourd’hui qu’ils proviennent à 80 % de la terre et qui sont à l’origine de mes engagements.

L’harmonie : c’est l’une des principales leçons que j’ai apprises dans ces grands espaces parfois (très) agités. La seconde leçon – apprise aussi de mes erreurs – se résume par : on ne lutte pas contre les éléments, on compose avec. Cela suppose de prendre le temps d’apprendre et de comprendre, et d’adapter sa manière de naviguer à la situation contre laquelle on ne peut lutter.

Ces deux leçons sont aujourd’hui pour moi fondamentales dans notre relation avec la nature. Elles me paraissent aussi essentielles pour apporter les bonnes réponses aux questions posées par la superposition des pressions qui s’exercent sur le littoral. Car c’est en partie là que se joue le destin de l’humanité. Dans cet espace aux contours beaucoup plus flous que ne l’évoquent ses multiples appellations de « bande côtière », de « cordon littoral » ou encore de « façade maritime » ou de « trait de côte ». Un vocabulaire de terrien (et il est bon de regarder « la terre depuis la mer » comme le propose Christian Buchet), qui se rassure dans la délimitation tangible d’une nature pourtant en perpétuel mouvement.

Pour comprendre le lien terre-mer et tous les enjeux qui y sont liés, il faut s’extraire de cette représentation physique immuable et figée et se représenter cette zone comme un organe vivant, avec de grandes artères – les bassins versants – et leurs ramifications, allant du sommet de la montagne à la haute mer ; un organe modelé par trois dynamiques différentes qui interagissent : celles de la terre, des cours d’eau et de la mer et celle de l’atmosphère.

Il faut remonter le temps avec Gilles Boeuf, et revivre les évolutions qui ont eu lieu sur le littoral, le modelant comme il nous apparaît aujourd’hui ; le biologiste parle de « théâtre d’une révolution biologique sans précédent » et rappelle que le milieu marin du littoral doit sa diversité biologique à ce que la terre lui procure. C’est une information bien plus capitale qu’il n’y paraît, car là encore tout est question d’harmonie : oui, la mer a besoin des nutriments de la terre charriés par le ruissellement des eaux, mais dans un équilibre de funambule. J’aime ici rappeler l’expérience réussie – autour de la ria d’Étel dans le Morbihan – de sensibilisation des agriculteurs qui, grâce au dialogue avec les pêcheurs et les conchyliculteurs – CAP2000 –, ont modifié leurs pratiques agricoles. L’agent du dialogue s’appelait Pierre Mollo, un spécialiste du plancton qui était finalement là pour émouvoir. Pierrot baladait ses éprouvettes à plancton et son microscope « du bout du quai au bout du champ » et dévoilait l’infiniment petit. Sous son microscope, la motte de terre comme la goutte d’eau grouillait de vie. C’est à lui que je dois d’avoir compris la relation terre-mer.

Comprendre une fois pour toute que terre et mer sont liées dans une communauté de destin et que l’homme, qui fait partie de cet écosystème dynamique, doit composer avec, surtout s’il envisage – comme l’évoquent les chiffres de la démographie littorale – d’y étendre plus encore son implantation. Composer avec, c’est notamment accepter l’immersion là où elle est irréversible et ne pas vouloir systématiquement ériger des digues. Pour s’en persuader, lire les prévisions d’Anny Cazenave sur l’élévation du niveau des mers.

Pour retrouver l’harmonie, Il faut remettre la connaissance et la bonne santé des écosystèmes marins et côtiers au cœur de la « littoralisation des sociétés » évoquée par Magali Reghezza-Zitt, changer de paradigmes et regarder les infrastructures maritimes comme des lieux où l’on peut remettre de la biodiversité. Il est également nécessaire de promouvoir la synergie entre tous les acteurs dont l’avenir est lié à la mer, plus encore que la simple conciliation des usages. Et peut-être faire de l’océan un bien commun de l’humanité…