Reliefs n°17: Banquises.
JOUZEL Jean.

Reliefs n°17: Banquises.

Reliefs
Prix régulier €19,90 €0,00 Prix unitaire par
N° d'inventaire 28302
Format 19 x 27
Détails 184 p., illustré, broché.
Publication Paris, 2023
Etat Neuf
ISBN 9782380361001

C’est par mon implication dans l’étude des variations passées de notre climat à partir de l’analyse des carottages réalisés en Antarctique et au Groenland que je me suis intéressé aux régions polaires. Depuis les années 1970, je suis familier de ces archives glaciaires et des informations qu’elles nous fournissent sur le fonctionnement du système climatique ; les forages profonds réalisés en Antarctique de l’Est ont mis en évidence une relation étroite entre climat et effet de serre dans le passé, et ceux menés au Groenland ont permis de documenter l’existence de variations climatiques rapides et importantes à l’échelle de quelques décennies, voire de quelques années. Je suis beaucoup moins familier de la glace de mer qui s’étend – avec des superficies et des épaisseurs variant au rythme des saisons et de l’évolution de notre climat – dans les régions de l’Arctique au nord et dans l’océan Austral au sud. Et j’ai beaucoup apprécié ce dossier construit à partir de regards différents sur la banquise et d’extraits de textes qui lui sont consacrés. 

Le diagnostic de Jérôme Weiss sur le déclin de la glace de mer, à mesure que s’installe le réchauffement climatique lié à nos activités, est sans appel. Amorcé dès les années 1970 dans le bassin arctique où son étendue minimale et son épaisseur moyenne ont été au moins divisées par deux, ce déclin est beaucoup plus récent dans l’océan Austral. La couverture de glace de mer y a d’ailleurs légèrement augmenté jusqu’au milieu des années 2010. Cette observation a été abondamment utilisée par les climato-sceptiques pour nier la réalité du réchauffement climatique à une période où il était déjà bien documenté à l’échelle planétaire, particulièrement dans l’océan, où il se traduit par une accélération de l’élévation du niveau de la mer. Désormais, l’argument ne tient plus puisque cette couverture a commencé à diminuer, avec un record minimum d’étendue en décembre 2022. Cette diminution devrait se poursuivre au cours des prochaines décennies, et en Arctique, les modèles prévoient des étés avec un océan quasiment libre de glace dès 2050. 

Cette quasi-disparition de la banquise l’été est à juste titre présentée comme une menace avec de nombreux impacts sur le climat, mais aussi sur un écosystème unique que Christophe Barbraud nous montre en sursis. La liste d’espèces menacées à la fin du dossier en témoigne sans ambiguïté. Certes la disparition de la banquise offre la possibilité de nouvelles routes maritimes pendant quelques mois de l’année, mais cet avantage est bien mince par rapport aux risques associés à l’exploitation annoncée de gaz, de pétrole ou d’autres ressources. Cette disparition aura aussi des conséquences sur les populations autochtones et sur la vision – très bien traduite dans les textes de ce dossier – des régions polaires comme terres d’aventure. 

Tout cela plaide en faveur de mesures pour que la banquise ne disparaisse pas complètement pendant l’été arctique. Les projections présentées dans le 6e rapport du GIEC, adopté en mars dernier, nous laissent un peu d’espoir. Depuis la période pré-industrielle, notre planète s’est réchauffée d’un peu plus d’un degré Celsius en moyenne. Si ce réchauffement était limité à 1,5 °C, en tout cas bien en deçà de 2 °C, l’étendue minimale des glaces dans le bassin arctique pourrait se stabiliser et la banquise ne pas complètement disparaître en été. Ceci requiert que la neutralité carbone soit atteinte dès 2050. Certes, de nombreux pays ont affiché cet objectif, c’est le cas de notre pays qui l’a inscrit dans la loi. Mais il y a un fossé entre les objectifs affichés et la réalité. Nous sommes sur une trajectoire qui nous emmène vers un réchauffement proche de 3 °C dans la seconde partie de notre siècle. Limiter le réchauffement à 1,5 °C est donc un immense défi pour notre humanité et la nature qui l’entoure. La préservation de la banquise nous fournit une raison supplémentaire pour le relever.

C’est par mon implication dans l’étude des variations passées de notre climat à partir de l’analyse des carottages réalisés en Antarctique et au Groenland que je me suis intéressé aux régions polaires. Depuis les années 1970, je suis familier de ces archives glaciaires et des informations qu’elles nous fournissent sur le fonctionnement du système climatique ; les forages profonds réalisés en Antarctique de l’Est ont mis en évidence une relation étroite entre climat et effet de serre dans le passé, et ceux menés au Groenland ont permis de documenter l’existence de variations climatiques rapides et importantes à l’échelle de quelques décennies, voire de quelques années. Je suis beaucoup moins familier de la glace de mer qui s’étend – avec des superficies et des épaisseurs variant au rythme des saisons et de l’évolution de notre climat – dans les régions de l’Arctique au nord et dans l’océan Austral au sud. Et j’ai beaucoup apprécié ce dossier construit à partir de regards différents sur la banquise et d’extraits de textes qui lui sont consacrés. 

Le diagnostic de Jérôme Weiss sur le déclin de la glace de mer, à mesure que s’installe le réchauffement climatique lié à nos activités, est sans appel. Amorcé dès les années 1970 dans le bassin arctique où son étendue minimale et son épaisseur moyenne ont été au moins divisées par deux, ce déclin est beaucoup plus récent dans l’océan Austral. La couverture de glace de mer y a d’ailleurs légèrement augmenté jusqu’au milieu des années 2010. Cette observation a été abondamment utilisée par les climato-sceptiques pour nier la réalité du réchauffement climatique à une période où il était déjà bien documenté à l’échelle planétaire, particulièrement dans l’océan, où il se traduit par une accélération de l’élévation du niveau de la mer. Désormais, l’argument ne tient plus puisque cette couverture a commencé à diminuer, avec un record minimum d’étendue en décembre 2022. Cette diminution devrait se poursuivre au cours des prochaines décennies, et en Arctique, les modèles prévoient des étés avec un océan quasiment libre de glace dès 2050. 

Cette quasi-disparition de la banquise l’été est à juste titre présentée comme une menace avec de nombreux impacts sur le climat, mais aussi sur un écosystème unique que Christophe Barbraud nous montre en sursis. La liste d’espèces menacées à la fin du dossier en témoigne sans ambiguïté. Certes la disparition de la banquise offre la possibilité de nouvelles routes maritimes pendant quelques mois de l’année, mais cet avantage est bien mince par rapport aux risques associés à l’exploitation annoncée de gaz, de pétrole ou d’autres ressources. Cette disparition aura aussi des conséquences sur les populations autochtones et sur la vision – très bien traduite dans les textes de ce dossier – des régions polaires comme terres d’aventure. 

Tout cela plaide en faveur de mesures pour que la banquise ne disparaisse pas complètement pendant l’été arctique. Les projections présentées dans le 6e rapport du GIEC, adopté en mars dernier, nous laissent un peu d’espoir. Depuis la période pré-industrielle, notre planète s’est réchauffée d’un peu plus d’un degré Celsius en moyenne. Si ce réchauffement était limité à 1,5 °C, en tout cas bien en deçà de 2 °C, l’étendue minimale des glaces dans le bassin arctique pourrait se stabiliser et la banquise ne pas complètement disparaître en été. Ceci requiert que la neutralité carbone soit atteinte dès 2050. Certes, de nombreux pays ont affiché cet objectif, c’est le cas de notre pays qui l’a inscrit dans la loi. Mais il y a un fossé entre les objectifs affichés et la réalité. Nous sommes sur une trajectoire qui nous emmène vers un réchauffement proche de 3 °C dans la seconde partie de notre siècle. Limiter le réchauffement à 1,5 °C est donc un immense défi pour notre humanité et la nature qui l’entoure. La préservation de la banquise nous fournit une raison supplémentaire pour le relever.